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Vers une nouvelle analyse de l’entreprise industrielle
Józef Maria
Vers une nouvelle analyse de l’entreprise industrielle
Józef Maria
J.M. Bochenski propose une analyse nouvelle des structures de base et des finalités de l’entreprise industrielle, en utilisant les moyens de la philosophie contemporaine américaine (analyse dite "dure"). Il justifie sa position de philosophe dans ces questions d’ordre a priori économique par le fait qu’une philosophie "sérieuse" mène une analyse "abstraite, c’est-à-dire fondamentale de la réalité", ce que les autres sciences particulières ne sont pas en mesure de réaliser aussi bien à ses yeux, car elles manquent des outils conceptuels adéquats. Il ne prétend pas proposer de recettes nouvelles, mais simplement présenter un tableau des possibilités. Son exposé se termine sur des considérations morales: il existe une morale des entrepreneurs, contrairement aux idées reçues, il existe des entrepreneurs moralement sains, surtout quand il s’identifient à leur entreprise. Et enfin, notre problème aujourd’hui est que nous parlons trop en termes de "droits", en négligeant les services à rendre.
Philosophe, logicien, professeur à l’Université de Fribourg (et dominicain), Józef Maria Bochenski (JMB) présente la philosophie en U.R.S.S. ; il dirige à Fribourg un Institut dont c’est l’objet, et s’appuie sur les travaux qui y sont menés. Il remercie son introducteur, M. Brossard-Müller, et rappelle être déjà venu au Club [1949 et 1953]. Pas de politique, donc, mais bien la philosophie, qui joue là-bas un rôle plus grand qu’ailleurs, et dont les problématiques méritent en soi l’intérêt. Certes, il faut apprendre la langue, savoir lire entre les lignes de l’idéologie officielle, ne pas tout lire, la production russe dépassant certainement celle du reste de l’Europe. JMB voit trois étapes successives, aucune ne rejetant la précédente, chacune, Marx l’explique, avecson cadre spirituel et son fond socio-économique: marxienne, léninienne, néo-soviétique. Cette philosophie connaît en outre trois périodes (fixées par les oukases du gouvernement…) : de vives discussions, avec deux écoles, de la Révolution au 27.1.1931 ; période morte de répétition du dogme, jusqu’au 24.6.1947; à nouveau des discussions, qui se développent encore ; un mouvement durable est lancé, malgré des à-coups très durs. A noter que deux interventions de Staline lui-même donnèrent l’impulsion décisive : le 24.6.1947, sous l’influence de Mao (idée de contradiction non-antagoniste, d’où quelque liberté de pensée), et le 20.6.1950 (attaque contre Marr), selon laquelle le langage est lié non aux relations de production mais à la production même : du coup, logique, physique, philosophie, biologie ne peuvent plus dépendre du Parti. Des changements de contenu apparaissent dès 1955, les démarches se font beaucoup plus objectives, des débats à l’issue inattendue sont fréquents ; niveau de pensée, style, qualité de l’information s’élèvent, des écoles s’affrontent. A cela, trois causes: force de l’intelligentsia, changement de génération, pression de la technique dont les pratiques invalident certains dogmes politiques. C’est qu’une certaine sécularisation a lieu, que la civilisation soviétique est fascinée par le modèle occidental. En perspective, comme une victoire de la pensée occidentale, de la pensée tout court. Excellente présentation, sur un sujet pourtant très spécialisé, et d’un ton vivant, agréable : JMB devait être un professeur stimulant.